Philippe Vaurs Elegancia

PHILIPPE VAURS // CREATEUR D’EMOTION(S)

Philippe Vaurs est le PDG des hôtels Elegancia. Vous avez forcement entendu parler de l’hôtel Seven ou du Five (Paris 5e), mais savez-vous que la collection Elegancia comporte dix hôtels aujourd’hui (dont le Crayon) et de nouveaux projets demain ?  Philippe est un passionne d’hôtels avec des dizaines d’idees à la minute et des projets plein les poches. Mais pas seulement : rencontre avec un homme heureux.

Quel est le petit dejeuner ideal dans un hôtel?

Mon petit déjeuner idéal ? Y trouver des produits que tu n’as pas l’habitude de prendre chez toi, que tu as envie de goûter – et avec un super café, le café doit être bon ! Je ne suis pas sûre que ce soit la quantité qui importe le plus. Ici, tu vois, on sert – au Seven, je préfère qu’il y ait des machines, que les gens se servent. Tu prends ce que tu veux et autant que tu veux.  Cela casse le rythme habituel entre le client et le serveur…

Lorsque tu te sers, tu es moins exigeant vis-à-vis des autres, plus cool, l’ambiance est plus cool. Un cafe seulement le matin, cela signifie que l’hôtelier est radin si c’est le cas. Limite, le petit déjeuner ça le fait chier – il te le vend à 15€ et il faut que ça lui coûte 3,50€…

Les petits déjeuners des hôtels Elegancia sont impressionnants. On dirait que ça vous tient vraiment à cœur.

Je ne fais pas de coupe matière dans le petit-déjeuner. Il faut que le client soit content –qu’est-ce que je peux faire pour qu’il soit content ? Je m’aperçois qu’au final, l’argent doit être gagne ailleurs. Mon énergie va vers l’hébergement.  Le petit déjeuner doit être un moment où l’on fait plaisir, comme au bar d’ailleurs. Si le client veut un peu plus de whisky, eh bien donne lui un peu plus de whisky… Dans notre type d’établissements, le débat n’est pas là. Il faut plutôt se demander si l’hôtel est complet : oui ? Alors c’est gagne. J’ai cette vision du petit-déjeuner.

Je raisonne comme un joueur de go, en valeur absolue. Globalement c’est moins rentable, stratégiquement je sais ce que je fais. Ce que je perds d’un côte se retrouvera sur d’autres projets. Mais je ne pense pas perdre : j’investis différemment.

Quel est l’hôtel qui vous ressemble le plus ?

Le dernier ! Ou le prochain… en ce moment, c’est donc le Pocket Palace.  C’est celui qui me ressemble le plus. Maintenant le Seven vit, le Five aussi, mais je suis sur un autre projet. Ou je suis à fond, ou pas du tout ! Il y a une différence entre amener ses compétences et foutre ses tripes dans un projet. C’est une énergie différente.  J’aime faire les choses à ma façon, fédérer des gens que j’aime.

Dans tout ce que vous avez pu faire dans le domaine des hôtels, de quoi êtes-vous le plus fier ?

C’est quand je dégage de l’émotion quelque part, quelle que soit l’émotion. Maintenant… à l’époque, le Seven et le Five etaient du pur design. Mais des fois tu fais des choses qui se développent au-delà de ça et maintenant ce que je ressens, c’est une quête de l’emotion. Je ne vois plus que cela qui me motive. Que ce soit une emotion tres design ou une emotion tres traditionnelle, ça m’est égal. Est-ce que j’ai de l’émotion ou pas ? C’est ca que j’ai envie de ressentir : du plaisir. Dans un design, c’est un ensemble de choses qui fait que la sauce est belle… ou n’est pas belle.  Tu as un superbe hôtel mais tu as des connards à l’interieur : l’hôtel est un hôtel de cons et tu n’as pas d’emotions ! Dans un hôtel avec des gens sympas et un cadre sympa, même si ce n’est pas le meilleur emplacement, c’est là où tu as envie d’aller !

Je cherche à aller au-delà de la vision purement business de l’hôtel ; vers les matieres, le ressenti, des emotions nouvelles.  Je sais que c’est parfois impossible, mais c’est une quête.

A contrario, votre plus grosse deception ?

Je n’ai pas de deception dans mes hôtels ; à l’instant T tu n’as pas de deception – simplement tu sais ensuite que tu ne referas peut-être pas comme cela. Les deceptions sont plutôt humaines, lorsque tu es trahi, lorsque tu souffres parce qu’on te fait du mal. Moi je suis dans ma bulle, et 90% des gens qui sont avec moi rentrent dans cette bulle.

Si vous n’aviez pas de limite budgetaire, à quoi ressemblerait votre hôtel ideal ?

Si je n’ai pas de limite de budget, ma premiere reflexion c’est : quels sont les gens qui etaient inaccessibles et que j’aimerais federer autour de moi sur le projet, pour reflechir ? C’est un brainstorming. Je pense que je prendrais des scientifiques, des politiciens, des acteurs…  ou Spielberg, je le ferais venir ! Ce serait quoi toi, ton hôtel ? Ou Cameron… Rentrer dans l’intelligence de ces gens-là qui ont une vision et être comme un chef d’orchestre de ces genies, les interconnecter et des qu’il sort un truc : on y va ! Ce serait l’idee : se lâcher.

La destination de vacances idéale ?

Dans un lieu magnifique avec des gens que tu n’aimes pas, seul ou que tu t’es engueule avec ta compagne… ça ne marche pas, c’est même atroce ; mais un pique-nique au bois de Boulogne avec tes copains et tu passes un moment inoubliable, c’est un endroit idéal. Donc il n’y a pas de destination idéale.  L’endroit idéal c’est l’humain qui va faire que le regard que tu vas porter sur ce moment va être magique. C’est comme le bonheur. Qu’est-ce que c’est ? Des instants.

Il y aujourd’hui 10 hôtels Elegancia. Quel est le chiffre idéal à atteindre ?


Il n’y a aucun chiffre. On m’aurait dit il y a 5 ans, à l’epoque du Five, qu’il y en aurait dix aujourd’hui, je t’aurais dit que ce n’etait pas possible. Je n’ai que la stratégie d’être bien dans mes baskets, pas d’être le plus gros hôtelier de la terre…

La question est: « est-ce que la vie est belle ou est-ce qu’elle n’est pas belle » ?

Et… ?

Elle est magnifique. De toute facon, maintenant, j’ai comme un prisme dans le cerveau : ce qui n’est pas beau ne m’interesse pas.

Quel don de la nature aimeriez-vous avoir ?

Je fais toujours le même vœu : être heureux et rendre les gens heureux.  C’est une envie, un bonheur à un moment donné ; un café entre amis, un iPad entre les mains au moment où j’en avais envie, n’importe ! Vélo ou jet, ce qui compte c’est l’envie du moment, être heureux et rendre les gens autour de soi heureux aussi. Sinon c’est l’enfer…

L’hôtellerie dans 20 ans… va-t-elle encore évoluer ?

Je suis sûr qu’elle est déjà en train de changer, quand je vois Paris à l’heure actuelle. Il y a comme une vague de fond vers des hôtels différents. C’est plus  complexe pour les chaînes, qui elles créent de l’émotion dupliquée.

Internet a tout change. On peut se connecter, communiquer aussi vite que les gros acteurs ; alors qu’avant, c’était « tu es gros, tu as les moyens, tu es visible ». Le prisme est réduit aujourd’hui. La communication permet au plus petit d’être peut-être aussi visible que le plus grand. Et c’est génial.

Si vous aviez quelque chose à dire à ceux qui vont lire cette interview ?

Si tu es passionné(e) et que tu as un bon fond, appelle-moi !

NDLR : tous les « tu » ont été changés en « vous ». Pour l’equipe Silencio, Philippe Vaurs reste la première personne à nous avoir fait confiance. On t’embrasse.

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