On ne vous apprendra rien en rappelant qu’In de Wulf est installé au milieu de nulle part ou presque, ce qui soit dit-en passant lui donne un charme particulier.
En plein coeur de la campagne et à quelques kilomètres de la frontière française, l’hôtel et restaurant de Kobe Desramaults est une ancienne ferme où l’on est accueilli dès l’extérieur par une multitude de bougies et un brasier installé sur la terrasse. Matières brutes, atmosphère rustique-travaillée, fauteuils moelleux, personnel multilingue souriant: pas de doute, In de Wulf est une zone de non-agression. D’ailleurs, on nous installe dans le salon (et non au restaurant) pour parcourir la carte des vins et le menu du moment en grignotant les premiers amuse-bouches.
Pas de précipitation donc, on prend le temps de s’imprégner des lieux avant de rejoindre notre table en bois massif. Une cheminée tourne à plein. On profite du calme incroyable – c’est divin; le niveau sonore augmentera à mesure que les bouteilles se vident – et on se dit que les flics de la région sont bien sympathiques de ne pas s’installer au bout de la Wulvestraat à chaque fin de service. Tout le monde ne dort pas là, mais tout le monde profite bien de la jolie sélection de vins (pour nous ce sera “Une vie après l’autre”, du Clos de Mounissens). Fin de journée glorieuse en perspective.
Et dans l’assiette? Ne venez pas chez In De Wulf pour un trois plats traditionnel et n’y cherchez pas d’autres repères que le respect des produits de la région (porcs d’une ferme voisine, King Crab de la mer du Nord, huître d’Ostende, herbes de la forêt locale) et des alliances vraiment surprenantes. Rajoutons à cela une récurrence du porc (croustillant, boudin noir moins cuit que la recette traditionnelle, pied croquant) jusqu’au saindoux qui accompagne le pain maison. From la ferme voisine, bien entendu. Un long menu en 22 étapes, donc. La cuisine de Kobe Desramaults est une succession de bouchées qui oublie parfois de monter en puissance (en même temps, difficile de jouer crescendo quand on attaque fort dès le départ), mais dont la créativité explose visuellement et en bouche à chaque fois qu’un cuistot dépose son plat sur la table. Présentation en français, en anglais,en flamand à la table d’à côté : c’est selon.
Comme le lieu, les assiettes sont indissociables de la terre et des éléments qui l’entourent: bouchées posées sur des galets, foin, des herbes locales dans chaque plat, et toujours ces bougies pour entretenir l’ambiance.
Bouchées en succession, donc. Qui croquent, qui se laissent glisser sur le palais, qui croustillent ou qui fondent. Des moments éphémères qui forment un menu très complet au final, mais qui laissent parfois ce goût un peu triste d’un coup d’une nuit si dingue qu’on l’aurait bien gardé plus longtemps. En d’autres termes, c’est quitte ou double: si vous tombez amoureux, la bouchée est déjà partie. Suivante. Ne vous attachez pas. Ce Chef est un Don Juan des pianos.
Trêve de mots: dégustez plutôt nos photos (plus grandes dans l’onglet Galerie).
Quelques mignardises pour finir et nous repartons vers Ypres en roulant (dans les deux sens du terme).
Alors, minimaliste, la cuisine de Kobe Desramaults? Peut-être, mais c’est une table qui ne ressemble à aucune autre. Une sorte d’OVNI savoureux, si vous préférez – et une bonne excuse de plus pour rendre plus souvent visite à nos amis belges et lillois.
Hôtel & Restaurant In de Wulf
Wulvestraat 1, 8950 Heuvelland (Dranouter) – à 30 minutes de Lille, 15 minutes d’Ypres
Grand Menu à 135 euros, 215 avec vins (185 avec jus)
Petit Menu à 115 euros, 175 avec vins (155 avec jus)
4 euros l’eau siglée (obligatoire)
Chambres dès 150 euros, petit-déjeuner compris (WiFi encore hésitant)
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